Le portail juridique des risques
de la vie territoriale & associative

Associations

Réponse du 6/12/2011 à la question N° : 116702 posée par M. Pierre Forgues

Le droit communautaire s’oppose-t-il à tout aménagement des temps de repos des animateurs de colonies de vacances (contrat d’engagement éducatif) ?

 [1]


Non : des dérogations restent possibles sous réserve que des garanties suffisantes soient offertes aux intéressés. Un groupe de travail réfléchit à des solutions pérennes respectueuses de l’économie du secteur et juridiquement viables.

Contrat d’engagement éducatif (CEE)

"Créé par la loi du 23 mai 2006, le contrat d’engagement éducatif permet aux professionnels, titulaires du brevet d’aptitude aux fonctions d’animation (BAFA), qui, durant leurs congés ou leur temps de loisirs, souhaitent participer à l’animation ou à la direction des accueils collectifs de mineurs, de s’engager dans une action d’utilité publique moyennant une rémunération forfaitaire."

Un dispositif jugé partiellement contraire aux directives européennes

"Le 29 janvier 2007, le Conseil d’État a été saisi d’une requête visant à l’annulation pour excès de pouvoir du décret du 28 juillet 2006 relatif à l’engagement éducatif, en tant qu’il insère, dans le code du travail, des dispositions relatives à la rémunération et au temps de travail contraire à certaines dispositions législatives relevant de directives européennes ou de textes internationaux. Le 2 octobre 2009, la Haute Juridiction a rejeté les conclusions de cette requête pour ce qui concerne la définition d’un plafond annuel de 80 journées travaillées et les conditions de rémunération.

En revanche, le Conseil d’État a décidé de surseoir à sa décision pour ce qui concerne l’article relatif au temps de récupération du titulaire du contrat et a saisi la Cour de justice de l’Union européenne. Dans son arrêt du 14 octobre 2010, la Cour a considéré que les titulaires du CEE relèvent bien du champ d’application de la directive 2003/88/CE du 4 novembre 2003 concernant l’aménagement du temps de travail."

Droit au repos de 11 heures par périodes de 24 heures

"En conséquence, les règles relatives au repos journalier sont applicables au CEE (en règle générale un travailleur doit bénéficier d’une période de repos de onze heures par périodes de vingt quatre heures).

Cependant, la Cour a confirmé qu’il est possible de déroger à ces dispositions dans le cadre fixé par la directive. Dans sa décision du 10 octobre dernier, le Conseil d’État tire les conséquences du jugement de la CJUE et annule le décret n° 2006-950 du 28 juillet 2006 qui ne prévoit, en ce qui concerne le régime du repos accordé aux titulaires d’un contrat d’engagement éducatif, ni repos quotidien ni protection équivalente au sens de la directive 2003/88/CE du 4 novembre 2003. Il en résulte que, tant que de nouvelles dispositions dérogatoires, compatibles avec le droit de l’Union, ne sont pas adoptées, les moniteurs de colonies de vacances ont droit à un repos quotidien de 11 heures consécutives.".

Un groupe de travail présidé par M. André Nutte

"Néanmoins, et avant même cette décision, le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative et la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de la vie associative ont installé, le 19 septembre 2011, un groupe de travail sur le contrat d’engagement éducatif présidé par M. André Nutte, inspecteur général des affaires sociales honoraire. Son objectif est de préparer et d’anticiper l’évolution du CEE et plus largement, de mener une réflexion collective sur l’avenir du secteur de l’accueil collectif de mineurs (ACM). Réunissant des représentants des différentes parties prenantes (organismes du secteur et administrations concernées), ce groupe de travail rendra ses propositions en décembre prochain pour aboutir à une solution pérenne, respectueuse de l’économie du secteur et juridiquement viable. D’ores et déjà, les travaux menés ont permis le dépôt d’un amendement pour prévoir dans la loi les conditions d’aménagement des périodes de repos".

Réponse du 6/12/2011 à la question N° : 116702 posée par M. Pierre Forgues

 Depuis l’arrêt rendu par le Conseil d’Etat le 10 octobre 2011, et dans l’attente d’un nouveau dispositif réglementaire, les animateurs de colonies de vacances ont droit, comme tous les salariés, à une période de repos de 11 heures consécutives par journée travaillée.

 Pour autant le droit communautaire autorise des dérogations à cette règle sous réserve que des garanties suffisantes soient offertes aux intéressés. Un groupe de travail, présidé par M. André Nutte (inspecteur général des affaires sociales honoraire) réfléchit ainsi à des solutions pérennes permettant de concilier ces exigences juridiques avec les contraintes budgétaires des familles et des associations concernées.


Références

 Articles L432-1 et suivants du code de l’action sociale et des familles

 Articles D432-1 et suivants du code de l’action sociale et des familles


Etes-vous sûr(e) de votre réponse ?

Les animateurs de colonie de vacances doivent-ils avoir droit, comme tout autre salarié, à un repos quotidien de 11 heures consécutives ? (Conseil d’État, 10 octobre 2011, N° 301014)

Le service de nuit effectué par un agent dans une maison de retraite doit-il être intégralement considéré comme du travail effectif alors que ce service comporte des périodes d’inaction pendant lesquelles l’intéressé peut se retirer dans son logement à l’intérieur de la résidence ?

[1Photo : © Gencay M. Emin