Le portail juridique des risques
de la vie territoriale & associative

Pouvoirs de police

Réponse du 17/03/2011 à la Question écrite n° 17366 de M. Jean Louis Masson

Le maire peut-il interdire à un particulier de brûler des résidus de bois traités ?

 [1]


Oui. Il lui appartient de faire usage de ses pouvoirs de police afin de mettre un terme à cette pratique.

Une combustion polluante

"La combustion sans précaution, par un particulier, de résidus de bois traités, est effectivement susceptible de provoquer des pollutions et des nuisances olfactives dont le contrôle relève de la police du maire. L’article L. 541-2 du code de l’environnement dispose ainsi que : « toute personne qui produit ou détient des déchets dans des conditions de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites ou les paysages, à polluer l’air ou les eaux, à engendrer des bruits et des odeurs et, d’une façon générale, à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement, est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer l’élimination conformément aux dispositions du présent chapitre, dans des conditions propres à éviter lesdits effets. »

Pouvoirs de police du maire

"Il appartient donc au maire de la commune concernée de faire usage des pouvoirs de police qui lui sont attribués, en matière de déchets, par l’article L. 541-3 du code de l’environnement, pris en application de l’article L. 541-2, et, en matière de salubrité publique, par l’article L. 1421-4 du code de la santé publique ou l’article L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales, afin de mettre un terme à cette pratique. Si nécessaire, le maire pourra solliciter l’avis technique de l’Agence régionale de santé (ARS)".

La question de l’élimination des poteaux et des traverses en bois traités à la créosote ou aux CCA (sels de cuivre-chrome-arsenic)

"Par ailleurs, le ministère chargé de l’écologie a signé le 15 juillet 2010 une charte d’engagement volontaire relative à la réutilisation et l’élimination des poteaux et des traverses en bois traités à la créosote ou aux CCA (sels de cuivre-chrome-arsenic)".

"En France, les quatre principaux utilisateurs de ces bois traités sont RFF, France Télécom, ERDF, et les autorités organisatrices de la distribution publique d’électricité regroupées au sein de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et des régies). Tous sont cosignataires de la charte, ainsi que l’Association Robin des Bois. Ces bois sont utilisés pour les réseaux d’infrastructures de ces opérateurs"

"L’exploitation et l’adaptation de ces réseaux nécessitent le retrait annuel d’environ 80 000 tonnes de bois qui, généralement après de nombreuses années, ne possèdent plus les caractéristiques recherchées pour les utilisations initialement prévues. La plupart de ces bois traités, notamment les traverses de chemin de fer, est actuellement réutilisée par des particuliers, ce qui pose des problèmes de traçabilité et de gestion ultime de ces bois".

Les engagements des signataires de la charte

"Parmi les principaux engagements pris par les différents signataires, il convient de souligner :

 l’engagement pris par RFF visant à s’interdire de mettre (directement ou indirectement) sur le marché de l’occasion, à des fins de réutilisation, les bois traités usagés tant qu’une procédure de traçabilité fiable ne pourra être mise en oeuvre ;

 l’engagement pris par France Télécom de maintenir sa politique visant à diriger l’ensemble de ses bois traités vers des filières de traitement thermique ;

 l’engagement pris par ERDF visant à orienter ses bois traités principalement vers le traitement thermique, et à assurer un encadrement strict des cessions occasionnelles réalisées à des fins de réutilisation (vente directe et tracée, interdiction de vente aux particuliers, reprise gratuite des bois en fin de vie) ;

 l’engagement pris par la FNCCR de promouvoir auprès de ses adhérents les pratiques visant à orienter massivement les bois traités usagés vers des installations de traitement de déchets et, pour les cessions (à des fins de réutilisation) ne pouvant être évitées, le recours à des pratiques de cessions directes et tracées, interdisant l’accès aux particuliers, et prévoyant une reprise gratuite des bois en fin de vie. Dans ce contexte, il serait utile que le maire puisse s’assurer auprès du particulier que les bois traités qu’il brûle ne proviennent pas de l’une de ces filières".

Réponse du 17/03/2011 à la Question écrite n° 17366 de M. Jean Louis Masson

 Au titre de son pouvoir de police le maire peut s’opposer à la combustion de bois traités par un particulier.

 Plusieurs opérateurs (RFF, ERDF, France Télecom, FNCCR) ont signé une charte pour le traitement des bois traités. Dans ce contexte le maire peut se renseigner auprès du particulier pour vérifier l’origine des bois traités et demander le cas échéant à un signataire de la charte de respecter ses engagements (notamment en reprenant le bois traité).


Références

 Article L541-2 du code de l’environnement

 Article L541-3 du code de l’environnement

 Article L2212-2 du code général des collectivités territoriales


Voir aussi

 Un maire peut-il, au frais du propriétaire, faire procéder, après mise en demeure infructueuse, à l’enlèvement d’épaves entreposées sur un terrain privé même si les véhicules sont encore immatriculés ?

 Un maire peut-il faire procéder à la mise en fourrière d’un véhicule abandonné depuis plusieurs mois sur un stationnement public ?

[1Photo : © Sextoacto