Retrouvez un résumé des décisions de la justice pénale recensées par l’Observatoire SMACL relatives à la responsabilité pénale des élus locaux, des fonctionnaires territoriaux et des acteurs de la vie associative. Certaines décisions ont été médiatisées, d’autres moins mais sont tout aussi instructives.
✅Tribunal Correctionnel d’Alès, 2 avril 2024
❌Tribunal Correctionnel de Paris, ordonnance d’homologation CRPC, 2 avril 2024
Il lui est reproché, après son mandat et sans respecter le délai légal de trois ans, d’avoir rejoint deux groupes immobiliers qui s’étaient vu confier des missions par la mairie lorsqu’il était encore en fonction. La commission de déontologie de la ville avait été saisie sur signalement d’une élue d’opposition. Après de premières dénégations, l’ancien élu a finalement reconnu les faits et plaidé coupable (CRPC), concédant une mauvaise interprétation de la loi et regrettant de ne pas avoir consulté le comité de déontologie. Il est condamné à 90 000 euros d’amende et à deux ans d’inéligibilité. Il avait déjà démissionné des deux groupes et remboursé les sommes perçues.
Également poursuivis, les promoteurs immobiliers (les deux personnes morales et leurs deux présidents) n’ont pas accepté la procédure de plaider-coupable et ont été cités à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, qui les a condamnés le 2 septembre 2024 pour recel de prise illégale d’intérêts
❌Tribunal Correctionnel de Tulle, 2 avril 2024
modifier ses habitudes vestimentaires. Décrit comme un homme sexiste et misogyne selon des témoins, l’élu invoquait pour sa défense un complot ourdi par des personnes avec lesquelles il serait en conflit.
❌ Cour de cassation, chambre criminelle, 3 avril 2024
- que le prévenu a eu "tendance à empiéter sur les responsabilités du directeur général des services, s’est autorisé à adresser des critiques directement aux agents qui, de son point de vue, s’avéraient plus ou moins compétents dans l’accomplissement de leurs tâches et que, pour ce faire, il a usé d’un langage qualifié par plusieurs témoins de vulgaire et sexiste" ;
- que ces éléments démontrent la réalité d’une ambiance délétère créée au sein de la mairie par l’arrivée du directeur de cabinet, "qui tenait des propos grossiers et rabaissants, les agents masculins corroborant les descriptions faites par les agents féminins de l’outrance de ses comportements" ;
- que les faits dénoncés par la plaignante et de la dégradation consécutive de ses conditions de travailont été confirmés par ses supérieurs hiérarchiques, et notamment par le directeur général des services, et sa supérieure hiérarchique, qui a clairement affirmé que le prévenu était toujours sur son dos pour lui faire observer qu’elle faisait mal son travail, lui demander des tâches en dernière minute en lui tenant des propos triviaux ;
- que le prévenu s’en ai pris verbalement plusieurs fois à la victime, ce qui a été à l’origine de crises de larmes répétées et du « burn-out » qui a finalement frappé cette dernière ;
- que l’ensemble des documents médicaux produits objectivent un épuisement physique et un état de stress post-traumatique nécessitant des soins qui se poursuivent au jour des débats ;
- "que pendant de longs mois, le prévenu lui a répété qu’elle ne servait à rien, en l’ignorant et en prenant sa place dans la gestion de ses agents de surveillance de la voie publique, en lui envoyant de multiples courriels portant ordres et contre-ordres" ;
❌Tribunal Correctionnel de Brest, 4 avril 2024
l lui est notamment reproché d’avoir :
- fait supporter aux structures associatives des dépenses somptuaires sans justificatifs, comme l’achat-location d’un « gros SUV » d’une valeur de 80 000 €, et d’importants frais de déplacement ;
- fait recruter son fils au sein de l’association pour un emploi sans réel intérêt pour la structure, avec une rapide promotion et des avantages injustifiés.
Ses méthodes avaient conduit à une démission collective des membres du conseil d’administration pour marquer leur désapprobation. Il est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, à 5 000 euros d’amende, et à cinq ans d’interdiction d’exercer un mandat associatif.
✅Tribunal Correctionnel de Poitiers, 9 avril 2024
Une enquête avait été ouverte à l’automne 2020 après un premier dépôt de plainte. Après avoir été mis à pied, l’éducateur avait été licencié. Il lui était reproché :
- d’inciter les jeunes à la consommation d’alcool lors de fêtes ;
- de donner des coups avec un torchon lors des tâches ménagères au foyer ;
- des intrusions répétées dans la salle de bains durant la toilette.
L’éducateur contestait les faits et soutenait être la victime collatérale d’un règlement de comptes au sein de la direction générale, alors qu’il était en poste depuis près de 20 ans. Il a été relaxé : si le tribunal retient des comportements inappropriés, il souligne l’absence d’élément intentionnel.
✅Tribunal Correctionnel d’Arras, 11 avril 2024
❌Tribunal Correctionnel de Tours, 11 avril 2024
❌Tribunal correctionnel de Dijon, Ordonnance d’homologation de CRPC, 12 avril 2024
Condamnation d’une commune (moins de 10 000 habitants) pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui. En octobre 2018, la municipalité avait entrepris la réhabilitation en régie d’un bâtiment en confiant les travaux à dix employés communaux. Au cours du chantier, des matériaux contenant de l’amiante ont été repérés par les agents qui ont déposé plainte. Il est reproché à la commune de ne pas avoir réalisé un repérage de matériaux contenant de l’amiante avant le début du chantier pour pouvoir prendre, au besoin, les mesures nécessaires. La commune a plaidé coupable dans le cadre d’une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Elle est condamnée à une amende de 12 000 €, dont 6 000 € avec sursis. Sur le plan civil, une transaction a été conclue avec les agents pour la réparation de leur préjudice.
❌Tribunal pour enfants de Rodez, 16 avril 2024
❌Tribunal Correctionnel de Dunkerque, 17 avril 2024
❌Tribunal Correctionnel de Montargis, 17 avril 2024
Pour expliquer sa démission, elle avait adressé un courrier à tous les membres du conseil. Un passage, dans lequel elle dénonçait des faits présumés d’immixtions dans sa vie privée et de harcèlement, a été jugé diffamatoire par le maire, qui a déposé plainte.
Elle est condamnée à 1 000 € d’amende et à verser 1 500 € de dommages-intérêts au maire.
❌Cour d’appel d’Amiens, avril 2024*
- attribué, sans mise en concurrence, un marché pour l’entretien des espaces verts à son fils, pour un montant estimé à 130 000 euros sur deux ans ;
- fait racheter par la commune un bien immobilier appartenant à son frère.
Pour sa défense, le maire faisait notamment observer que le président de l’association était un ancien candidat à l’élection municipale qui réglait ses comptes. En première instance, l’élu avait été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, 15 000 euros d’amende, et à cinq ans d’inéligibilité. Bien que la peine ne soit pas exécutoire en raison de son appel, il avait décidé de démissionner. La cour d’appel le relaxe pour les faits de favoritisme et le condamne à une peine symbolique de 5000 euros d’amende avec sursis.
❌Tribunal Correctionnel de Troyes, 22 avril 2024
Il est reproché à la secrétaire de mairie de s’être rémunérée ses heures supplémentaires en cadeaux et achats personnels dans un magasin, sur le compte de la mairie, pour un montant total de plus de 5000
euros.
Les irrégularités ont été constatées par une adjointe en octobre 2020, à l’occasion d’un remplacement de la secrétaire de mairie. L’équipe municipale avait épluché les comptes et les délibérations en remontant jusqu’en 2016, et avait relevé des incohérences et une modification du registre des délibérations. D’où la décision prise par le conseil municipal de retirer toutes ses délégations au maire.
La secrétaire de mairie a reconnu les faits, expliquant avoir reçu l’aval du maire pour le paiement de ses heures supplémentaires sous forme d’achats et avoir modifié la délibération litigieuse à la demande du maire. Ce dernier conteste ces accusations, soutenant que la secrétaire de mairie avait trahi sa confiance en utilisant sa signature électronique.
Le tribunal déclare les deux prévenus coupables :
- La secrétaire de mairie est condamnée à six mois d’emprisonnement avec sursis, à une interdiction définitive d’exercer les fonctions de secrétaire de mairie et à trois ans d’inéligibilité ;
- Le maire à cinq ans d’inéligibilité pour détournement par négligence, ainsi qu’à la confiscation de la somme de 5100 euros.
❌Tribunal Correctionnel de Nîmes, 23 avril 2024
❌ Cour de cassation, chambre criminelle, 24 avril 2024
Condamnation d’un ancien député-maire (commune de plus de 10 000 habitants) pour détournement de fonds publics dans le cadre d’une affaire d’emploi fictif impliquant l’épouse d’un ancien député dont il avait assuré la suppléance. Condamnés en première instance et en appel, les trois prévenus avaient formé un pourvoi en invoquant notamment la prescription des faits, reprochant aux juges du fond d’avoir retenu que le point de départ du délai de prescription de l’action publique est fixé, non au jour de commission des infractions, mais au jour de la publication de l’article de presse faisant apparaître les faits incriminés.
La Cour de cassation écarte l’argument :
La Cour de cassation approuve également les premiers juges d’avoir écarté l’immunité parlementaire :
L’ancien maire est condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis, cinq ans d’inéligibilité et 20 000 euros d’amende avec sursis. La condamnation de l’épouse du parlementaire à deux ans d’emprisonnement avec sursis, 375 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité est également confirmée. Elle a dû en conséquence démissionner de son mandat de conseillère municipale de la commune (moins de 1500 habitants) où elle était élue. Si la déclaration de culpabilité de son époux est confirmée, la cassation est prononcée sur la peine. En appel, l’ancien parlementaire avait été condamné à quatre ans d’emprisonnement dont un an ferme, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Or, s’agissant du prononcé d’une peine d’emprisonnement sans sursis, il appartenait aux juges de constater préalablement que toute autre sanction était manifestement inadéquate. Il appartiendra à la cour d’appel de renvoi de rejuger le prévenu conformément au droit sur ce point.
La cassation est également prononcée sur les intérêts civils. En effet, les juges d’appel avaient retenu que l’Assemblée nationale était fondée à réclamer la totalité des fonds mis à disposition du député alors que seules les sommes qui étaient dénuées de toute contrepartie devaient être prises en compte.
❌Tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre 30 avril 2024
❌✅ Tribunal correctionnel de Mamoudzou, 30 avril 2024
- d’avoir financé en 2012, alors qu’il était à la tête de l’exécutif, des concerts par un groupe de musique pour trois représentations, dont une seule se déroulait sur le territoire de la collectivité. Outre le cachet des artistes, la collectivité avait financé leurs billets d’avion. Pour sa défense, l’élu soutenait que c’était le moyen d’assurer une tournée dans la région au groupe, condition de leur venue sur le territoire ;
- d’avoir organisé, sur deniers publics, une fête à son domicile en invitant des notables locaux ainsi que des partisans et soutiens ;
- d’avoir acheté deux véhicules pour la collectivité sans mise en concurrence et en confiant la procédure à un collaborateur de cabinet plutôt qu’au service dédié de la collectivité ;
- d’avoir utilisé les véhicules de la collectivité à des fins privées.
❌ Cour de cassation, chambre criminelle, 30 avril 2024