Retrouvez un résumé des décisions de la justice pénale recensées par l’Observatoire SMACL relatives à la responsabilité pénale des élus locaux, des fonctionnaires territoriaux et des acteurs de la vie associative. Certaines décisions ont été médiatisées, d’autres moins mais sont tout aussi instructives.
❌Tribunal correctionnel de Besançon, ordonnance de validation de CJIP, 1er février 2024

substances nuisibles aux poissons
). L’obsolescence de la station d’épuration, construite en 1984, avait engendré des déversements polluants chroniques dans un cours d’eau, le rendant ainsi abiotique. La chronicité de la pollution explique qu’aucune mortalité piscicole n’a été constatée. La convention prévoit la construction d’une nouvelle station de traitement des eaux usées ainsi que le nettoyage régulier du ruisseau. L’enquête a déterminé que la pollution provenait également des exutoires d’eau d’une commune (moins de 1000 habitants), les eaux usées de certaines habitations étant mal raccordées ou reliées au réseau d’eaux pluviales, s’écoulant ainsi directement dans le ruisseau. La CJIP constate cependant que l’essentiel de la pollution provient bien de la station d’épuration. La communauté de communes devra s’acquitter de 50 000 € d’amende et de 100 000 € de dommages-intérêts aux parties civiles au titre du préjudice écologique, dont 90 000 € à la fédération de pêche. La collectivité a jusqu’au 31 octobre 2024 pour se mettre en conformité avec la mise en fonction effective de la nouvelle station d’épuration, sous peine de poursuites pénales.Qu’est-ce qu’une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) ?
Cette convention permet d’imposer à la personne morale une ou plusieurs des obligations suivantes :
- verser une amende d’intérêt public au Trésor public, dont le montant devra être fixé de manière proportionnée aux avantages tirés des manquements constatés. Cette amende peut aller jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires annuel de la personne morale signataire,
- mettre en œuvre un programme de mise en conformité d’une durée maximale de trois ans, sous le contrôle, selon les cas, de l’Agence française anticorruption ou des services compétents du ministère chargé de l’environnement,
- la réparation du préjudice causé à la victime ou du préjudice écologique."
❌Tribunal correctionnel de Cusset, 1er février 2024
Il lui est reproché d’avoir favorisé la fusion de deux offices HLM avec un bailleur privé dont il était actionnaire. La légitimité de l’opération n’est pas contestée au regard des dispositions de la loi Elan.

Cependant, le procureur estimait que l’élu avait joué un rôle moteur en présentant le groupement comme n’ayant pas d’alternative. Pour sa défense, l’élu objectait qu’il ne détenait que 2 % des parts sociales dans la société et niait avoir le statut de dirigeant exécutif, la décision ayant été prise par le conseil d’administration.
L’élu est condamné à 3 000 € d’amende, le tribunal reconnaissant l’absence de tout enrichissement personnel. Il est par ailleurs relaxé du chef de faux dans un document administratif par personne dépositaire de l’autorité publique. Il lui était reproché, en sa qualité de président de la communauté d’agglomération, d’avoir falsifié deux arrêtés de déport communautaire relatifs à ses liens avec le bailleur privé. Le parquet a relevé appel du jugement.
❌ Tribunal correctionnel de Guéret, 1er février 2024
❌Cour d’appel de Rennes, 1er février 2024
Condamnation d’un conseiller régional d’opposition pour abus de biens social en sa qualité de président de fonds d’investissement. Il lui est notamment reproché d’avoir investi l’argent des porteurs dans une société dont il avait pris la direction. L’Autorité des marchés financiers (AMF) lui avait infligé une amende de 100 000 euros, portée à 150 000 euros par le Conseil d’État, pour ce conflit d’intérêts. Sur le volet pénal, la cour d’appel confirme sa culpabilité et sa condamnation à 50 000 euros d’amende, dont 30 000 avec sursis, et à cinq ans d’interdiction de gérer une entreprise.
✅Tribunal judiciaire de Dijon, 5 février 2024
Relaxe d’un maire (commune de plus de 10 000 habitants) poursuivi pour diffamation par un élu d’opposition. Il lui était reproché d’avoir publié sur Facebook un message insinuant qu’un opposant avait, lors d’une fête, tenté de soutirer des informations compromettantes à un employé municipal contre rémunération. Le maire n’avait pas cité de noms, mais un élu d’opposition s’était senti personnellement visé puisqu’il était le seul opposant présent lors de cette fête. Le maire a finalement été relaxé.
✅❌Tribunal correctionnel de Paris, 5 février 2024
❌Tribunal correctionnel de Perpignan, 6 février 2024
❌Cour de cassation, Chambre criminelle, 6 février 2024
Un terrain avait été rétrocédé par une SAFER pour y construire un lotissement. Les travaux de viabilisation ont été confiés par le maire à une société. Un salarié de cette dernière a porté plainte pour harcèlement moral. Au cours de son audition, il a indiqué aux enquêteurs avoir reçu l’ordre du chef de chantier d’enfouir deux cent quarante tonnes de déchets comportant notamment de l’amiante. Des poursuites ont été engagées contre le chef de chantier pour infractions au code de l’environnement et mise en danger d’autrui, et contre le maire pour infraction au code de l’environnement. Condamnés en première instance, les prévenus ont été relaxés en appel.
La Cour de cassation confirme la relaxe du chef de chantier pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui, la cour d’appel ayant constaté que c’est en fin de chantier que les éléments de fibrociment sont

objectivement apparus, de sorte qu’il n’en résulte pas la preuve suffisante de la connaissance de la présence d’amiante et donc d’une volonté manifeste d’enfreindre la législation en matière de protection des travailleurs. De fait, ni le coordinateur de sécurité et de prévention de la santé ni le maître d’œuvre, qui ont indiqué avoir visité le chantier toutes les semaines en présence du maire et du chef de chantier, n’ont eu connaissance d’un problème de présence d’amiante.
La Cour de cassation annule en revanche les relaxes pour les infractions au code de l’environnement. Pour relaxer les prévenus des chefs de gestion irrégulière de déchets, la cour d’appel a retenu :
- qu’il est établi et non contesté qu’ils se sont mis d’accord pour déplacer des déchets, qu’ils pensaient inertes, en limite parcellaire du chantier pour un traitement postérieur par la commune ;
- que la prévention ne précise pas les règles qui auraient dû être appliquées et qu’en matière d’évacuation de déchets inertes, il n’existe ni dispositions spécifiques ni textes sanctionnés pénalement imposant à une entreprise de travaux ou à un maire d’évacuer les déchets dont il serait le détenteur ou le producteur ;
- qu’il résulte des auditions que la ferraille et le béton ont été confiés à des entreprises de recyclage et que l’absence d’évacuation de déchets inertes non-dangereux constitue l’inexécution d’une obligation contractuelle qui, si elle entraînait un préjudice direct et certain aux riverains et à l’environnement, relèverait de la responsabilité administrative.
La Cour de cassation censure l’arrêt sur le fondement des articles L. 541-1-1, L. 541-2 et L. 541-46, I, 8°, du code de l’environnement. En effet, “toute personne qui produit ou détient des déchets, soit toutes substances ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire, est responsable de leur gestion jusqu’à leur élimination ou valorisation finale”. En outre, “la gestion des déchets consiste notamment en l’exercice de toute activité participant de l’organisation de leur prise en charge depuis leur production jusqu’à leur traitement final” et le fait de gérer des déchets sans satisfaire aux prescriptions des articles du code de l’environnement est passible de deux ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Il appartiendra à la cour d’appel de renvoi de rejuger l’affaire concernant ce point.
❌Tribunal correctionnel d’Epinal, 8 février 2024
❌Tribunal correctionnel de Mende, 8 février 2024
Il est reproché au premier d’avoir accordé en 2014 une prime de départ à la retraite de 64 000 euros au

second alors que son statut de fonctionnaire détaché ne le permettait pas. À l’audience, les deux hommes avaient plaidé la bonne foi, soutenant ne pas savoir qu’un tel versement était illégal.
L’ancien élu est condamné à 10 000 € d’amende avec sursis et à un an d’inéligibilité. L’ancien directeur est condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, 10 000 € d’amende et à la confiscation d’une assurance-vie de 10 000 €. Les deux prévenus sont également condamnés à payer la somme de 64 000 euros au comité départemental.
❌Tribunal correctionnel de Nanterre, 9 février 2024
C’est un signalement de la Banque de France concernant un virement suspect qui a permis au conseil départemental de découvrir les malversations et de récupérer les trois quarts des sommes détournées.
L’ancien agent contractuel est condamné à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, à 10 000 euros d’amende, à cinq ans d’interdiction d’exercer dans la fonction publique, à cinq ans d’inéligibilité et à une interdiction de gérer une entreprise. Ses deux complices sont condamnés pour blanchiment aggravé à une peine d’emprisonnement avec sursis et à une interdiction de gérer une entreprise. Sur le plan civil, les trois prévenus sont condamnés solidairement à rembourser les sommes détournées qui n’ont pas encore été restituées (39 000 euros pour une société et 75 000 euros pour l’autre).
❌Tribunal correctionnel de Saint-Denis de la Réunion, 9 février 2024
❌Tribunal correctionnel de Rennes, 12 février 2024
✅Tribunal correctionnel d’Arras, 13 février 2024
Relaxe d’un conseiller municipal d’opposition (commune de moins de 5000 habitants) pour atteinte à la vie privée.
Le tribunal prononce sa relaxe.
✅Tribunal correctionnel d’Evry-Courcouronnes, 13 février 2024
❌ Tribunal correctionnel de Papeete, 13 février 2024

de fonds publics, faux en écriture, escroquerie
et harcèlement moral. Il lui est reproché à la suite d’un audit de la chambre régionale des comptes et d’un signalement anonyme au parquet :- d’avoir obtenu des subventions pour le bétonnage de la voirie communale sur la base de fausses factures et de faux procès-verbaux de réception alors que les travaux n’étaient pas terminés. Le trop perçu est estimé à près de 17 millions de Fcp ;
- d’avoir détourne une partie des subventions à des fins personnelles pour l’achat de matériaux ;
- d’avoir utilisé un bateau de la commune pour des déplacements personnels et de l’avoir loué pour des mariages, deas funérailles ou des compétitions sportives ;
- d’avoir harcelé moralement le directeur des services techniques de la commune (DST) qui avait témoigné contre lui dans la première affaire.
- six mois d’emprisonnement ferme et à 300 000 Fcfp d’amende pour le volet concernant le bétonnage de la voirie municipale et au remboursement à la collectivité les 16,8 millions Fcp de trop perçu ;
- 250 000 Fcp d’amende pour l’utilisation personnelle du bateau de la commune ;
- six mois d’emprisonnement avec sursis, deux ans d’inéligibilité et 400 000 Fcp d’amende s’agissant des faits de harcèlement moral.
✅ Cour d’appel d’Angers, 13 février 2024
Tribunal correctionnel de Nancy, 14 février 2024
❌✅ Cour d’appel de Paris, 14 février 2024
La cour d’appel constate la nullité des actes d’appel du parquet contre les relaxes d’un ancien maire en sa qualité d’ex-président d’une société d’économie mixte (SEM) gérant un office HLM (commune de plus de 10 000 habitants) et de l’ancien directeur général de l’office, poursuivis pour favoritisme, prise illégale d’intérêt et trafic d’influence. Il était reproché à l’élu, avec la complicité du directeur général, d’avoir privilégié des proches dans l’attribution d’une vingtaine de marchés publics (rénovation, entretien, communication…) pour un montant estimé à environ 3,4 millions d’euros, en échange de soutiens électoraux. Le tribunal avait prononcé une relaxe générale (des entrepreneurs étaient également poursuivis) en soulignant l’insuffisance des preuves, des infractions mal caractérisées et en retenant la prescription de l’action publique. Les avocats de la défense avaient en effet soulevé plusieurs nullités, décriant une enquête préliminaire bâclée et une citation mal rédigée. Le parquet avait relevé appel du jugement, mais la cour d’appel constate que les actes d’appel ont été enregistrés par des agents administratifs non habilités, faute d’avoir prêté serment. Ils n’ont donc pas pu produire effet. D’autres dossiers pourraient être impactés, indique le parquet de Bobigny.
❌ Tribunal correctionnel de Douai, 20 février 2024
❌ Tribunal correctionnel de Valence, 20 février 2024
❌ Tribunal correctionnel de Grasse, 21 février 2024
❌ Tribunal correctionnel de Dunkerque, 23 février 2024
Condamnation d’un ancien conseiller d’opposition (commune de moins de 5000 habitants) pour diffamation. En mars 2022, lors d’un conseil municipal, il avait porté des accusations contre le maire et son adjointe, dénonçant une prise illégale d’intérêts dans l’attribution d’un marché public pour des petits travaux sur la salle polyvalente. L’entreprise du mari de l’adjointe avait obtenu ce marché après une simple consultation de trois artisans, sans appel d’offres, en raison du faible montant des travaux (quelques milliers d’euros). L’élu d’opposition avait réitéré ces accusations sur sa page Facebook, évoquant des “magouilles” et des “élus mafieux”, ce qui avait conduit le maire, excédé par ce climat délétère, à présenter sa démission. L’opposant est condamné à 2 000 € d’amende avec sursis. Il devra également verser 800 € de dommages et intérêts au maire et à son adjointe.
❌ Tribunal correctionnel de Nanterre, 26 février 2024

présidente de la région pour dénigrer son ex-compagne. Il est condamné à 10 mois d’emprisonnement avec sursis, deux ans d’inéligibilité, et à suivre un stage de sensibilisation sur les violences conjugales. Dans le prolongement de sa condamnation, le DGS a été suspendu de ses fonctions.
❌ Tribunal correctionnel de Chartres, février 2024*
❌Cour d’appel de Paris, 27 février 2024
Condamnations d’un ancien maire et de sa directrice de cabinet (commune de plus de 10 000 habitants) pour détournement de fonds publics par négligence sur signalement, en 2013, de l’ancien premier adjoint.
Dans le cadre d’un marché de communication, il était reproché à l’ancien édile d’avoir cautionné un système de fausses factures émanant d’une agence de communication. Environ 250 000 euros de prestations litigieuses auraient ainsi été facturés au travers de frais d’exécution d’urgence, de frais de suivi, de conseil post-création, de double facturation du guide de la ville et de prestations non justifiées sur de multiples publications communales.
Initialement, les deux prévenus avaient été poursuivis et condamnés pour détournement de fonds publics. La Cour de cassation avait renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Paris, reprochant notamment aux juges du fond de ne pas avoir recherché si, au moment de la commission des faits, la directrice de cabinet disposait d’une délégation du maire lui permettant de mettre les factures en paiement. La cour d’appel de renvoi requalifie les faits en détournement par négligence, relevant plus « d’un défaut de surveillance » que d’un acte positif.
Les deux prévenus sont condamnés à six mois d’emprisonnement avec sursis et à verser près de 226 000 euros à titre de dommages et intérêts à la commune.
❌Cour de cassation, Chambre criminelle, 27 février 2024
❌ Tribunal correctionnel de Saintes, 29 février 2024
Condamnations d’un ancien maire (commune de moins de 2000 habitants) et d’un ancien adjoint,

respectivement poursuivis pour prise illégale d’intérêts et favoritisme pour le premier, et détournement de fonds publics pour le second, sur plainte de la nouvelle majorité. Il était reproché à l’ancien maire :
- d’avoir pris un arrêté actant le découpage en deux lots d’une parcelle appartenant à son épouse, et ce malgré l’opposition des services de l’agglomération ;
- d’avoir engagé des travaux dans un local préempté par la mairie sans avoir procédé à une mise en concurrence.
L’ancien maire est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, 5000 € d’amende et 10 ans d’inéligibilité. Son épouse est condamnée pour recel de prise illégale d’intérêts à 3000 € d’amende. Un ancien adjoint est condamné à 1000 € d’amende avec sursis et à cinq ans d’inéligibilité pour ne pas avoir restitué deux téléphones portables, une enceinte et un écran plat appartenant à la commune. Pour sa défense il soutenait qu’il attendait le résultat du recours en annulation contre le scrutin avant de restituer le matériel.