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Maire rural visé dans un tract dénonçant la "mafia locale" : diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public ?

Cour de cassation, chambre criminelle, 8 avril 2014, N° 13-81807

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Un maire accusé dans un tract d’avoir commis un incendie criminel peut-il porter plainte pour diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public ?

Non dès lors que les faits dénoncés dans le tract ne peuvent se rattacher à sa fonction d’élu, et ce même s’il est fait référence dans le tract à son appartenance à un parti politique qualifié de "mafia locale". En l’espèce un maire d’une commune rurale avait été accusé d’avoir incendié la maison d’une autre élue locale opposée à l’énergie éolienne. Le fait imputé ne constituant ni un acte, ni un abus de la fonction de maire, et se trouvant dépourvu de lien avec ladite fonction, l’élu aurait dû porter plainte pour diffamation envers un particulier.
 

Le maire d’une commune ardéchoise (700 habitants) porte plainte pour diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public après la diffusion d’un tract l’accusant d’avoir mis le feu à la maison d’une élue locale d’une commune voisine s’étant opposé à un projet éolien.

L’auteur du tract se défend en relevant que l’élu n’était pas visé en sa qualité de maire. Il aurait donc dû porter plainte non pour diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public mais pour diffamation envers un particulier.

La Cour de cassation donne raison au prévenu et annule sa condamnation :

 
"l’article 31 de la loi du 29 juillet 1881 ne punit de peines particulières les diffamations dirigées contre les personnes revêtues des qualités qu’il énonce que lorsque ces diffamations, qui doivent s’apprécier non d’après le mobile qui les ont inspirées ou le but recherché par leur auteur, mais d’après la nature du fait sur lequel elles portent, contiennent la critique d’actes de la fonction ou d’abus de la fonction, ou encore que la qualité ou la fonction de la personne visée a été soit le moyen d’accomplir le fait imputé, soit son support nécessaire".

 

Ainsi en l’espèce le fait imputé à l’élu "ne constituait ni un acte, ni un abus de la fonction de maire du plaignant, et se trouvait dépourvu de lien avec ladite fonction". C’est donc en qualité de simple particulier que le maire aurait dû porter plainte.