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Délit de... commérages nocturnes

Le commérage sur les bancs publics rejoindra-t-il le chant du coq et les cloches des églises au hit-parade des causes du troubles du sommeil des néo-ruraux ?


 [1]

Las de la vie des cités, un jeune homme s´installe dans une petite ville des Bouche-du-Rhône pour y trouver un peu de calme.

Il déchante bien vite.

Lorsqu´il avait visité son nouvel appartement, il n´avait pas prêté plus d´attention au banc public situé sous ses fenêtres. Tout juste, pensait-il, quelques lycéens y viendront bécoter ou quelques retraités s´y installeront le temps que Médor assouvisse ses besoins au pied d´un platane.

La réalité se révèle bien plus cruelle que ces clichés et il découvre que l´endroit est un point de rencontre hautement stratégique. Non pas pour un groupe de jeunes désœuvrés mais pour cinq mamies qui tous les soirs s´y retrouvent pour y échanger, jusqu´à point d´heure, de la pluie et du beau temps et des derniers potins du village.

Qu´à cela ne tienne pense le jeune homme : une bonne diffusion de musique moderne, fenêtres ouvertes, devrait inciter ces commères à trouver un autre banc. Il en faut plus pour persuader les autochtones à interrompre une tradition ancestrale, qui de mémoire locale, n´a été bousculée que par le séisme de 1909 !

Aux grands maux, les grands remèdes : et le nouvel arrivant de déposer plainte à la gendarmerie pour tapages nocturnes. Interrogées par les gendarmes qui ont décidé un transport sur les lieux du crime, les mamies sont quelque peu déstabilisées mais ne veulent pas en démordre : point question de mettre un terme à leurs échanges nocturnes sur « le banc de la convivialité ». Elles reçoivent très vite le soutien de la population. Et la presse régionale (La Provence Lundi 11 août) et même nationale (Le Monde 13 août 2008) de s´en faire l´écho.

Au final il faudra tout le talent de médiation du nouveau maire pour que les protagonistes trouvent un compromis. De quoi mettre le nouvel élu tout de suite dans le bain en lui faisant comprendre que les conflits de voisinage pouvaient vite prendre des proportions démesurées, notamment sous la pression de néo-résidents en quête de tranquillité.

[1Dessin : © Jean Duverdier