Ni stigmatisation, ni banalisation : comprendre pour mieux prévenir.
Depuis 1995, l’Observatoire SMACL scrute les évolutions du contentieux pénal touchant les acteurs publics locaux. Cette nouvelle édition du rapport annuel s’inscrit dans la continuité des précédentes, confirmant des tendances lourdes, tout en apportant quelques nuances, notamment sur les taux de condamnation.
1° Une pression pénale toujours plus forte sur les élus et les fonctionnaires territoriaux
La mandature 2020-2026 s’annonce comme celle de tous les records :
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Près de 2 500 élus locaux devraient être mis en cause, soit une hausse de 17 % par rapport à la mandature précédente.
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1 300 fonctionnaires territoriaux pourraient également faire l’objet de poursuites, en hausse de 19 %.
Seule éclaircie dans ce paysage judiciaire : une baisse estimée de plus de 20 % des poursuites dirigées contre les collectivités territoriales.
2. Les manquements au devoir de probité, toujours en pôle-position
Les manquements au devoir de probité demeurent, comme lors des précédentes mandatures, le premier motif de poursuites et de condamnations des élus et des fonctionnaires territoriaux.
Les projections actuelles laissent entrevoir :
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Une hausse de 19 % des poursuites pour ce motif chez les élus (près de 1 000 élus concernés),
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Une hausse de 5 % chez les fonctionnaires (plus de 500 agents concernés).
Ces chiffres doivent être interprétés avec prudence et discernement. Par exemple, l’article 432-12 du Code pénal, qui réprime la prise illégale d’intérêts, couvre des situations très diverses. Il n’est pas rare que des élus ou agents, mus par la seule volonté de servir l’intérêt général, se retrouvent poursuivis, voire condamnés. Les recommandations de la mission Vigouroux, visant à mieux cibler la répression pénale, vont à cet égard dans le bon sens : sanctionner les véritables atteintes à la probité sans pénaliser l’engagement public sincère.
Pour autant, cette réforme qui redonnerait utilement de l’air au fonctionnement de nos assemblées délibérantes, ne dispense pas les collectivités d’engager et d’approfondir des politiques de prévention et des procédures de contrôle interne qui permettent de diminuer ce risque. De nombreux outils existent pour les y aider.
Dans ce rapport, nous mettons également en lumière un ouvrage collectif publié par les Éditions Territorial, dirigé par Anne Rinnert et coordonné par Patricia Gendrey. Conçu comme un véritable outil opérationnel, il propose de nombreux modèles pratiques et schémas synthétiques pour accompagner les collectivités territoriales dans la gestion des risques d’atteinte à la probité.
Les acteurs publics locaux peuvent également prendre appui sur la chronique de déontologie de la vie publique locale publiée dans La Semaine Juridique – Administration et Collectivités Territoriales (JCPA), co-rédigée par Élise Untermaïer-Kerléo, Pierre Villeneuve et Luc Brunet. Cette chronique vous permet de suivre les évolutions juridiques récentes et d’identifier des leviers d’amélioration pour renforcer l’intégrité dans l’action publique locale. Et il existe bien d’autres ressources à disposition de celles et ceux qui veulent s’investir en ce domaine. Le site de l’Observatoire SMACL des risques de la vie territoriale, librement accessible, en fait partie.
3. Vers une convergence des taux de condamnation
L’écart entre les taux de condamnation des élus et des fonctionnaires tend à se réduire :
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37 % pour les élus locaux,
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36,6 % pour les fonctionnaires territoriaux.
Alors que dans notre précédent rapport, l’écart entre ces deux taux était de 1,6 points au détriment des élus locaux, il n’est plus désormais que de 0.4 point.
Autrement dit, près de deux tiers des personnes poursuivies bénéficient d’une décision favorable.
Découvrez une courte interview de Luc Brunet, responsable de l’Observatoire SMACL, par Me Eric Landot pour les éditions WEKA
Un outil d’anticipation et de prévention
Découvrez les autres tendances que nous relevons dans ce rapport, notamment en zoomant sur les différentes catégories d’infractions. Non pour jouer à vous faire peur, mais pour identifier des situations qui peuvent vous exposer.
Car ce rapport est d’abord et avant tout un outil d’anticipation et de prévention. Il vous offre des clés de compréhension, des repères juridiques, et des leviers d’action concrets pour renforcer vos politiques de prévention et de conformité.
A vous de vous saisir de cet outil pour sécuriser vos pratiques et vous éviter de venir alimenter nos prochaines statistiques !