Le fait pour un animateur d’un centre de loisirs d’autoriser des jeunes à se tremper les pieds constitue-il une activité de baignade soumise à la réglementation spécifique notamment en termes d’encadrement ?
Pas d’infractions à la réglementation sur l’encadrement des activités de baignade
Dans un premier temps le juge revient en détail sur le déroulement de la journée et de la soirée.
L’animateur les a rappelé à l’ordre plusieurs fois sans succès. Puis ce premier groupe a été rejoint par les trois mineurs restés au camp parmi lesquels la victime qui s’est jeté à l’eau pour retrouver le groupe.
Son corps a été retrouvé environ 1h plus tard non loin du ponton par les équipes de secours, rapidement appelées par l’animatrice stagiaire.
![]() Un autre exemple dramatique : Six adolescents encadrés par deux animateurs saisonniers employés par une commune (35 000 habitants) de la région Centre se rendent sur un site où se trouvent six plans d’eau dont l’un est ouvert à la baignade sous le contrôle d’un maître nageur. La sortie s’inscrit dans une opération dite "camion-mobile" consistant pour les animateurs à aller à la rencontre des jeunes sur la commune pour leur proposer des activités. Les deux animateurs permanents de la commune autorisent la sortie, après l’obtention d’un ordre de mission délivré par la coordinatrice pédagogique, en rappelant aux animateurs saisonniers le strict respect des zones de baignades.
En dépit de ces consignes et des panneaux implantés sur les lieux, les deux animateurs saisonniers, voulant privilégier le dialogue, laissent les adolescents, qui prétendent connaître les lieux, s’aventurer dans un bassin où la baignade est interdite. L’un d’eux, qui ne sait pas bien nager, montre rapidement des signes de fatigue, et disparaît sous la surface de l’eau après avoir appelé à l’aide. Le comportement des accompagnateurs, qui ont laissé les adolescents se baigner dans un bassin vaste et profond non surveillé et où la baignade était interdite, est constitutif d’une faute de service de nature à engager la responsabilité de la commune (Cour Administrative d’Appel de Nantes, 10 novembre 2009, N° 09NT00538). Des poursuites pénales ont également été engagées dans ce dossier (Cass crim 30 janvier 2007 N° de pourvoi : 05-87617). |
Aucune imprudence commise par l’animateur
- aucune activité pouvant être qualifiée de baignade n’a été autorisée ;
- le moniteur n’a pas exposé le groupe de jeunes à un risque de noyade dès lors qu’il a seulement autorisé les adolescents à entrer dans l’eau jusqu’au niveau des genoux. L’heure tardive à laquelle se sont déroulés les faits n’a pas d’importance ;
- l’animateur a maintenu un contact visuel et auditif constant avec le groupe tout en rappelant plusieurs fois les consignes.
Enfin, contrairement à ce que soutiennent les proches de la victime, il ne peut être reproché à l’animateur ni un manque d’autorité vis à vis des jeunes ni une gestion fautive de la situation.
- aucun incident de comportement ou d’attitude de la part des jeunes au cours du séjour ;
- aucun caractère turbulent ou profil psychologique particulier de nature à appeler une vigilance spécifique [2] ;
- aucun manquement quant à l’organisation du stage et son encadrement (selon l’adjoint au directeur départemental de la cohésion sociale et de la protection des populations) ;
- l’animateur avait une bonne connaissance du groupe puisqu’il avait déjà encadré ces jeunes en centre de loisirs.
[1] Cet arrêté fixant les modalités d’encadrement et les conditions d’organisation et de pratique de certaines activités physiques dans les centres de vacances et les centres de loisirs sans hébergement a été abrogé. Les annexes de l’arrêté du 25 avril 2012 fixent les conditions particulièrement d’encadrement, d’effectif et de pratique de certaines activités physiques se déroulant en accueil de loisirs.
[2] L’adolescent décédé est présenté par ses proches comme « un jeune garçon calme, attentif, respectueux de l’autorité, n’ayant pas l’habitude de se laisser entraîner »
[3] Le TA d’Orléans a précisé que la victime avait été en mesure d’entendre les consignes données par l’animateur puisque celui-ci était en train de crier aux jeunes de revenir avant que l’adolescent ne se jette à l’eau pour rejoindre le groupe TA Orléans, 30 juin 2023 : n°2003428