Des commerçants, autorisés à vendre des fruits et légumes sur le marché municipal, sollicitent une autorisation pour vendre en complément du fromage sur leur étal. L’avis défavorable de la commission des foires et marchés lie-t-il le maire ?
Non : l’avis de la commission des foires et marchés est uniquement consultatif. De plus, le maire ne peut pas s’appuyer sur les refus opposés à d’autres demandeurs (ces refus ne sont pas opposables aux requérants). En examinant en détail la composition de l’offre proposée par les commerçants du marché municipal, la cour administrative distingue le marché du mardi et celui du samedi :
- Pour le marché du mardi, le juge relève qu’un seul commerçant vend l’ensemble des produits de crèmerie et fromages (et seulement trois autres vendent du fromage de chèvre, un seul commerçant vend quelques fromages espagnols). Le juge en tire la conséquence qu’une nouvelle offre complète de fromages ne compromet ni la diversité des produits ni le bon fonctionnement du marché. Par ailleurs, cette offre ne méconnaît pas l’objectif de meilleure utilisation du domaine public tel que fixé par le règlement du marché.
- En revanche, il en va différemment pour le marché du samedi, pour lequel le couple de requérants n’avait pas d’autorisation d’occuper un emplacement. La cour administrative estime que la décision de refus pour la vente de ces mêmes produits est légale car les besoins des usagers étaient déjà satisfaits pour ce type de produits.
Premier refus du maire.
En mars 2021, le couple sollicite une nouvelle autorisation pour la vente de produits laitiers et de fromages, mais cette fois-ci lors du marché du samedi.
Nouveau refus du maire.
D’où la saisine du juge administratif. Le tribunal administratif les déboute. Mais en appel, ils obtiennent partiellement gain de cause, la cour administrative d’appel distinguant la configuration du marché du samedi de celle du mardi.
Les pouvoirs du maire
Ces dispositions confèrent au maire le pouvoir de fixer par arrêté le règlement du marché municipal hebdomadaire et notamment le régime d’attribution des emplacements (CAA Bordeaux, 7 juin 2011 : n°10BX01226).
Le maire délivre les autorisations d’emplacements en application des critères fixés par le règlement, en se fondant sur des motifs tirés de l’ordre public et de la meilleure occupation du domaine public.
En revanche, c’est bien le conseil municipal qui est compétent pour la création, le transfert ou la suppression de halles ou de marchés communaux, après consultation des organisations professionnelles intéressées (article L. 2224-18 alinéa 1 du CGCT).
Conditions d’attribution d’un emplacement
En l’espèce, le règlement du marché précise que pour l’attribution d’un emplacement, il est tenu compte de l’assiduité et de l’ancienneté des commerçants y exerçant déjà, du rang de l’inscription des demandes, du commerce exercé et des besoins du marché.
Le règlement établit également un ordre de priorité pour l’attribution des emplacements vacants. Enfin, l’arrêté portant règlement du marché précise que la vente de marchandises non prévues dans l’attribution de l’emplacement est soumise à autorisation municipale.
Un refus illégal pour le marché du mardi
- l’existence de demandes d’emplacements plus anciennes ;
- la saturation de l’offre de ce type de produits (5 commerçants proposaient déjà ce type de produits) ;
- la nécessité d’un maintien de la diversité des commerces et des produits ;
- la proximité d’autres commerçants vendeurs de fromages ;
- les refus déjà opposés à d’autres commerçants.
- sur les 30 commerçants présents le mardi seuls 5 vendent du fromage et seulement un commerçant vend l’ensemble des produits de crèmerie et fromages (3 vendent du fromage de chèvre et 1 commerçant vend des produits espagnols parmi lesquels quelques fromages) ;
- la proximité entre deux activités de même nature n’empêche pas le bon fonctionnement du marché ;
- l’avis de la commission des foires et marchés n’est que consultatif et cet avis ne peut permettre de justifier le refus opposé aux intéressés ;
- les refus opposés à d’autres demandeurs ne sont pas opposables au couple.
Un refus d’autorisation justifiée pour le marché du samedi
- absence d’emplacement vacant ;
- la vente de produits laitiers et fromages est déjà proposée par trois commerçants sur 14.